mardi 22 octobre 2019

La pauvre victoire électorale

Bonjour Canada,

Avez-vous comme moi le sentiment que la piètre performance des discours des chefs de parti après leur courte demi-victoire vous laisse un goût amer dans la bouche?

Il paraît qu'on a les politiciens qu'on mérite et non ceux qu'on désire, alors là nous sommes gâtés.

Sans faire de partisanerie, soyons honnêtes, quel chef a fait un discours digne de ce nom hier soir? Le seul qui a fait un discours de victoire pleinement mérité avec classe, élégance et un message d'un chef d'État est Yves-François Blanchet. C'est le seul qui aurait pu se péter les bretelles et qui aurait eu raison de le faire, mais sa dignité et sa qualité de tribun l'ont élevé à un niveau bien supérieur à des lunes de ses adversaires qui se sont couverts de ridicule avec leur vision victorieuse complètement déconnectée de la réalité.

Le Bloc Québécois est le seul parti victorieux de cette élection, passant de 10 à 32 députés, ils peuvent crier victoire et personne ne peut le nier, même pas le bashing des médias fédéralistes comme c'est leur habitude.

Le Parti Vert avec une percée dans Fredericton peut gagner un prix de consolation, car ses attentes dans l'ouest n'ont pas été au rendez-vous.

Le Parti Néo-démocrate s'est fait torcher au Québec passant de 14 à 1 député, puis Jagmeet Singh qui jouait la carte de la belle performance, c'était pathétique à en pleurer. Avec une perte de 44 à 24 député, on ne peut pas appeler cela un changement, mais plutôt un recul, bip bip bip. De nous bullshiter qu'il va se battre pour nous le Québec avec un seul député, «eille come on, lâche les amphétamines et prend la réalité de ta cuisante défaite.»

Les Conservateurs avaient tout à gagner, mais son message ne passe visiblement pas au Québec. De 11 à 10 député, c'est plutôt décevant pour qui aspirait percé au Québec. Andrew Scheer faisait un discours assez juste sur le fait qui espère renverser Trudeau et ses libéraux et prendre sa revanche, la prochaine fois. Ça me rappelle le discours de René Lévesque le soir de la cuisante défaite référendaire du 20 mai 1980, «Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de me dire à la prochaine fois...»

L'euphorie fabriquée de Justin Trudeau était tellement surfaite que s'en était malaisant. Le voir se pavaner et glousser sa victoire d'avoir sauvé les meubles et sauvé sa peau de piètre premier ministre avec un bilan tellement mauvais qu'il ne convainquait personne, même pas lui. De perdre 21 députés, de perdre sa majorité, j'appelle ça un message clair que sa gouvernance ne convient pas à la hauteur de ce qu'il prétend. Un lourd réajustement du tir est requis en pareille circonstance.

Que dire du manque de respect élémentaire d'Andrew Scheer de ne pas attendre que Jagmeet Singh finisse son discours avant de commencer le sien. Idem pour Justin Trudeau trop imbu de sa petite personne qui sautait dans la mêlée sans attendre la fin des discours de ses adversaires. Très mauvais calcul pour un nouveau premier ministre minoritaire. Il devra apprendre à quitter sa superbe et sa suffisance.

On veut être à l'écoute des citoyens et on ne prend même pas le temps d'écouter les autres chefs qui font leur discours. Cela démontre l'incohérence de leur message, leurs bottines ne suivent absolument pas leurs babines.

Je veux aussi souligner la victoire de Jody Wilson-Raybould dans Vancouver Granville avec 2900 voix de majorité. C'est un méchant pied de nez pour Justin Trudeau et sa gang.

Justin Trudeau était tellement survolté, les effets euphorisants avec ou sans substance de la pseudo-victoire qu'il en oubliait complètement de saluer Ralph Goodale son ministre défait dans Regina-Wascana après 9 mandats de loyaux services, quelle disgrâce!

Bref, une soirée électorale et une fin de campagne à l'image de leur personnalité profonde. Dire que nous payons leur salaire.
















vendredi 15 mars 2019

Lettre à Catherine Fournier

Bonjour Catherine,

Comme je ne vous connais pas personnellement et étant bien éduqué, je vais me permettre de vous vouvoyer.

Ce texte se veut une réflexion sur la politique, sur le Parti Québécois, sur la souveraineté du Québec.

Pour vous parler un peu de moi


D'entrée de jeu, je mentionne n'être membre d'aucun Parti politique au Québec, au Canada ni ailleurs. Nous savons que plusieurs Québécois sont dans la même situation.

J'ai été, pendant plusieurs années, militant actif au Parti Québécois et au Bloc Québécois. J'ai participé intensément aux deux référendums de 1980 et 1995 du Parti Québécois, alors je crois humblement avoir l'expérience et la légitimité pour parler d'indépendance au-delà du concept flou qui virevolte dans l'imaginaire de certains, certaines qui en ont la vague idée.

Comme plusieurs, j'ai commencé à m'intéresser à la politique l'année de mes 18 ans pour bien exercer mon premier droit de vote. J'ai lu l'intégralité des programmes des partis qui se présentaient alors en 1976: le Parti québécois, le Parti libéral du Québec, l'Union nationale, le Ralliement créditiste du Québec et le Parti national populaire. De ces cinq documents, celui qui regroupait le plus des positions auxquelles je pouvais m'identifier était celui du Parti québécois.

Je m'intéresse à la politique depuis ce temps et si vous suivez mes pages Facebook ou Twitter, vous y trouverez que mon discours est cohérent avec des positions qui dénoncent ouvertement les stupidités venant de tous partis, quels qu'ils soient.

Je sais reconnaître les bons coups également lorsqu'ils se présentent, il en a eu trop peu avec les libéraux de Philippe Couillard. Depuis le premier octobre dernier, les caquistes ne nous ont pas livré grand-chose encore. Beaucoup de paroles, peu de résultats concrets.

Premier cas de figure


En 1984-1985, il y a eu le «Beau risque» et le «Renérendum». À ce moment-là, j'étais membre de l'exécutif du comté de Prévost avec notre député Robert Dean. Alors nous avions des informations de première ligne sur ce qui se passait réellement et non uniquement ce que les médias voulaient nous faire voir ou savoir.

Pourquoi je parle de cette période, parce que les enjeux des démissions de 7 ministres (J. Parizeau, C. Laurin, G. Paquette, J. Léonard, D. Leblanc-Bantey, L. Harel et D. Lazure) et de 3 députés (P. De Bellefeuille, J.Proulx, J. Boucher) étaient basés sur des éléments réels et fondamentaux qui diluaient la cause première du parti : la souveraineté et non sur de simples états d'âme.

Je me souviens très bien quand le 19 janvier 1985, les « révisionnistes » de René Lévesque et les « orthodoxes » démissionnaires s'affrontèrent lors de ce congrès spécial. Je m'en rappelle, car j'étais assis à côté de Jacques Parizeau en arrière du cordon séparant les délégués du congrès et les spectateurs dont nous étions. Quand soudain, nous aperçûmes René Lévesque qui traversa la salle en notre direction pour venir saluer Jacques Parizeau d'une poignée de main avec un silence qui en disait long sur la tension qui prévalait.

Plus tard, le tiers de la salle se retira du plancher du congrès en scandant: « le Québec un pays » et « le Québec aux Québécois » c'était intense!

Deuxième cas de figure


En juin 2011, plusieurs députés (Louise Beaudoin, Lisette Lapointe, Pierre Curzi, Jean-Martin Aussant, Benoit Charette, René Gauvreau) ont manifesté leurs désaccords en claquant la porte du caucus du Parti québécois, avec plus de regrets au fil du temps que des gains substantiels causés par ce geste de rupture et marquant la fin de leur carrière politique pour certains. Y avait-il une véritable crise? Je ne crois pas, cependant avec le recul, ces mouvements de troupes ont eu un bien petit impact en fin de compte.

Comme disait mon député de l'époque Robert Dean: «tu ne peux plus influencer ni faire changer d'idée quelqu'un que tu as abandonné. La seule place pour convaincre des gens est de se battre pour faire valoir ses idées de l'intérieur.»

Fort de ces expériences


Je suis conscient que la cuisante défaite électorale d'octobre 2018 a fait très mal au Parti québécois, aux députés qui en sont sortis écorchés, mais la réflexion commence et tout est sur la table hormis la cause de la souveraineté du Québec, ce qui devrait vous réjouir.

Je m'explique mal votre geste précipité, est-ce la fougue qui caractérise la jeunesse et qui parfois prend le pas sur la sagesse de la réflexion.

Mes cheveux gris m'ont appris que la précipitation est mauvaise conseillère et que l'urgence ne se crée pas et qu'elle survient en son temps.

Je ne doute point de votre bonne foi, par contre, je crois fermement que votre geste ne durera dans l'imaginaire des gens que le temps des nouvelles que les médias fédéralistes voudront bien en parler et puis aux oubliettes.

Certains appelleront cela de la bravoure, voire de la témérité au mieux, d'autres dont je suis, décriront cela comme un suicide politique.

Quelle crédibilité aurez-vous de prétendre rassembler les forces souverainistes alors que vous abandonné le Parti qui vous a permis d'être député pour jouir d'une visibilité politique et médiatique? Sans cela, on ne parlerait même pas de vous.

C'est, selon moi, un très mauvais calcul qui ne construira rien de plus que de mélanger les cartes.

Aux prochaines élections, nous verrons ce que le Parti québécois offrira et nous voterons probablement pour ce seul véhicule qui de par son histoire et de par sa capacité de se relever saura encore une fois rebondir.

Ne vous fiez pas aux médias qui depuis 50 ans nous annoncent la mort du Parti québécois à chaque mois pour toutes sortes de raisons farfelues ou idéologiques de propagandes fédéralistes.

Je vous souhaite de vous trouver des partenaires rassembleurs, car vous allez ramer si vous êtes isolée. Ça prendra plus qu'un rêve si beau soit-il pour réussir. Il faut compter sur une équipe et vous en avec perdu toute une.

Pour avoir vu tant de débats à l'intérieur des instances du Parti québécois, je peux vous assurer qu'il n'est pas à l'agonie comme vous semblez le croire. Votre vision est obscurcie par un voile de pensées limitantes.

Rappelez-vous que ce sont les militants du Parti québécois de Marie-Victorin qui vous ont fait élire, sans eux vous ne seriez pas députée. Or de parler contre la formation politique qui vous a fait élire, cela vous apporte quoi comme bénéfices?

Mon expérience de la politique m'a fait observer que les électeurs sont volatils mais qu'ils se souviennent toujours des défections.

Puisque vous êtes de l'âge de mes enfants, si vous aviez été ma fille, je vous aurais mis en garde sur la portée de ce geste à plus long terme. C'est à cela que sert l'expérience de la vie.

Avec respect,

Sylvain Daigle