samedi 10 octobre 2015

Mulcair et le référendum de 1995

Bonjour,

Devant l'importance que semblent mettre les politiciens sur la transparence et l'occultisme des faits qui leur sont préjudiciables, je vais faire un exercice de mémoire pour témoigner de la véritable nature de certains acteurs d'une saga dont peu de gens se souviennent.

Je parle ici de la campagne référendaire de 1995 et de la saga qui en a découlé dans les mois qui suivirent et le cauchemar pour 29 scrutateurs et 2 délégués officiels poursuivis par le DGE, par simple vengeance et désir de détruire des vies en s'en prenant à des gens qui avaient simplement fait leur travail consciencieusement. C'était un procès politique.

Je ne reprendrai pas les faits qui sont bien documentés dans les liens ci-dessous. Je me contenterai d'apporter les nuances de quelqu'un qui a vécu ces événements de près.

Dans une élection générale, Chomedey pouvait être considéré comme un comté sûr pour quelque fédéraliste que ce soit. C'était le fief de Lise Bacon avant de devenir le comté de Thomas Mulcair. Ces deux députés libéraux tenaient les bourses des donateurs au sens propre comme au sens figuré du terme. J'avais souvent des confessions de certains entrepreneurs qui étaient obligés d'aller voir Lise Bacon avec leur carnet de chèques personnels. Il en allait de même pour Thomas Mulcair par la suite. Je le savais parce que je m'occupais du financement du Parti Québécois dans ces mêmes périodes auprès des mêmes donateurs potentiels et leurs confessions fusaient toutes dans le même sens, à vous en écœurer.

Lors d'un référendum dans un comté majoritairement multiethnique comme Chomedey, où j'habitais à l'époque, il était évident que chaque vote compte et que chaque effort était payant bien plus que lors d'une simple élection où les dés étaient déjà joués d'avance.

Ainsi avec les manœuvres accélérées et précipitées d'obtention de citoyenneté canadienne, nous assistions à un déluge de nouvelles demandes d'inscription sur la liste référendaire pour permettre à ces gens de voter en masse contre la souveraineté du Québec. Encore là, nous devions faire preuve de très grande vigilance pour permettre à ceux et celles qui y avaient droit de voter et à ceux et celles qui n'y avaient pas droit de ne pas le faire. J'étais président d'une commission de révision, puis d'une commission de révision spéciale, alors je voyais arriver les gros chars comme on dit. Au point où le Directeur de scrutin (DS) Gilles G. Gauthier me faisait surveiller par un adjoint en permanence.

Nous appliquions intégralement les articles de la loi sur la consultation populaire qui exigeait que le citoyen voulant être inscrit doive avoir un document prouvant son lieu de résidence. La plupart n'en avaient pas. Ce qui faisait bien japper les fédéralistes tout autour de moi. Assez infernal comme climat, mais la cause en valait l'effort.

Depuis plusieurs élections dans Chomedey, je connaissais bien les magouilles du DS favorisant les libéraux sous plusieurs aspects qu'il serait trop long de détailler ici. Des listes électorales non conformes que j'avais demandé de corriger et j'en passe.

Or quand survint la saga devant les tribunaux et que le DGE, par son procureur tenta d'en passer une petite vite en invitant le DS à témoigner devant la cour, alors qu'en principe s'il avait dû témoigner, il n'aurait pas dû être dans la salle du tribunal, mais attendre hors de cette salle pour ne pas entendre les propos des autres avant son témoignage, ce qui a semblé indisposer le juge au point où il décida de se réserver le droit de retenir ou non ce témoignage.

Après le témoignage rempli de fausseté, je ne pouvais laisser passer cela et j'ai demandé aux avocats de la défense de me faire entendre devant la cour. Comme le précédent avant été permis pour la poursuite, le juge acquiesça pour la défense, alors Thomas Mulcair était en colère dans la salle. Mon témoignage annula les propos du DS, ce qui sembla faire l'affaire du juge qui n'avait plus à soupeser les propos biaisés du DS.

Après mon témoignage, il y eut un ajournement de quelques minutes et au sortir de la salle Thomas Mulcair se mit à m'invectiver en me disant qu'il allait me détruire en pensant me faire peur. Je lui rétorquai qu'il pouvait bien manger de la m... Ce qui le remit à sa place. Il avait trouvé son homme.

Il était évident que tout ce cirque judiciaire n'était que politique puisque fonder sur rien absolument rien de répréhensible de la part de qui que ce soit. Les scrutateurs et les délégués officiels n'avaient fait qu'appliquer l'intégralité de la loi sur la consultation populaire. À preuve toutes les personnes poursuivies ont été acquittées.

En Cour d'appel la poursuite voulait mettre fin aux procédures sachant qu'elle n'avait rien de solide pour gagner son point, ce que les avocats de la défense refusèrent et demandèrent à la Cour d'appel d'acquitter tout le monde avec un jugement qui allait laver la réputation de tous et empêcher les poursuites futures sur le même thème.

Ce fut une victoire sur toute la ligne pour la défense, les scrutateurs et les délégués officiels.

Pour références, voici quelques documents:

  1. Les bulletins rejetés – La Marche pour l’unité selon DGEQ
  2. communiqué - Arrêt des procédures
  3. referendum95_arretprocedure.pdf
  4. Bulletins de votes rejetés selon wikipedia.org
Depuis ce temps, je savais à qui j'avais affaire avec Thomas Mulcair, et le temps me le confirme jour après jour.