Bonjour amis souverainistes,
Pauline Julien chantait : « ce soir, j'ai l'âme à la tendresse, tendre tendre, douce douce » pour moi, il en va autrement. Je suis dans un drôle d'état, depuis quelques heures, je ressens un triste mélange d'amertume, de déception, de colère et d’écœurement. Pour une première fois de ma vie, je n'ai pas le goût à la fête. Imaginez donc, un Québécois qui n'a pas le goût de souligner la Fête nationale du Québec. Que se passe-t-il?
Cette amertume -- ou ce ressentiment mêlé de tristesse, causé par une humiliation, un sentiment d'injustice -- met en veilleuse la soif de fêter notre québécitude. Depuis le résultat de l'élection du 7 avril, les choses ne sont plus les mêmes. Quelque chose de profond s'est cassé. Qu'on veuille l'admettre ou non, la cassure est lourde à porter. Le ressac n'est pas encore de retour. Cette vague d'espoir et de confiance en notre peuple s'est-elle évaporée? Existe-t-elle encore? Je ne saurais vous le dire avec précision en ce moment en ce qui me concerne.
Cette déception -- ou sentiment de tromperie -- se lisait sur de nombreux visages le 7 avril dernier avec quasiment la même intensité que lors des défaites référendaires de 1980 et de 1995. Comment croire ce peuple qui a démocratiquement choisi de chasser le Parti Québécois du pouvoir pour remettre en place un régime libéral dans lequel règnera encore la corruption, le favoritisme et la magouille fédéraliste à outrance? Je n'ai pas rencontré encore quelqu'un qui a fièrement voté pour les libéraux, or puisqu'ils ont été portés au pouvoir, il y a bien quelqu'un qui a voté pour eux, non? Aucun courage pour affirmer leur vote, ni pour assumer les conséquences qui vont avec. C'est vrai que le courage n'est pas dans leurs gênes ni dans leurs valeurs.
Cette colère -- ou réaction violente et passagère -- est le fruit d'un mécontentement envers les 1,780,178 électeurs inscrits qui n'ont même pas grouillé leur cul pour aller voter. Ça, ça me dépasse au cube. Dans un pays dit démocratique, ne pas aller voter est un crime qui devrait être punissable. Au fait, nous avons la punition pour les 4 prochaines années. Je veux ajouter à ceux qui seraient tentés de vouloir me faire la leçon sur la démocratie et de respecter le choix des électeurs qui ont voté que le droit de critiquer ce choix est aussi un droit en démocratie.
Autre élément de ma colère, le bip... de vote stratégique. Le résultat actuel : PLQ - 70, PQ - 30, CAQ - 22, QS - 3 pour 125 députés donnerait en calculant le vote stratégique (QS + ON + PQ) : PLQ - 63, PQ - 51, CAQ - 11 pour 125 députés. Ce qui donnerait encore un PLQ majoritaire. Alors, cessez de nous faire accroire que cela aurait fait une différence cette fois-ci.
Un autre : le rôle des médias durant la campagne électorale et également après la campagne qui s'acharne longuement encore sur le dos du Parti Québécois et de son option souverainiste, tels des chacals en manque de charogne qui ne manquent pas une occasion d'enfoncer le clou et qui laisse le Parti Libéral se vautrer dans leurs magouilles en les dénonçant du bout des lèvres dans un topo de 15 secondes. Ça aussi ça me répugne et m'indigne profondément. Par exemple : Alain Gravel qui sort le jour où Nathalie Normandeau passe devant la Commission Charbonneau, une histoire datant de 1981 concernant une supposée rencontre entre des dirigeants du Parti Québécois et Roch Lasalle. Belle diversion commandée par ses patrons fédéralistes, pour couvrir la marde libérale! Mais ce stratagème prend de moins en moins et sa crédibilité en est irrémédiablement ternie.
Cet écœurement -- sentiment de dégoût, de répugnance, de profond découragement -- de voir le Parti Libéral qui va débâtir, encore une fois, ce que le Parti Québécois a fait et nous faire retourner 40 ans en arrière. Ça vous donne le goût de fêter vous? Pas moi!
Fêter quoi?
La fierté d'être un Québec emprisonné dans un pays qui ne lui ressemble pas?
La fierté d'être un peuple solidaire dans ses choix politiques et sociaux?
La fierté d'être un peuple qui sait ce qu'il veut?
La fierté d'être un peuple qui sait où s'en il va? Dites-le-me-le?
Fêter le laxisme linguistique de retour au pouvoir? À preuve les lacunes de plusieurs ministres qui ne savent pas s'exprimer adéquatement en français.
Fêter le favoritisme de complaisance devant la Commission Charbonneau nommée par les Libéraux de John James Charest et qui les sert bien, n'est-ce pas?
Fêter la confrontation arrogante avec les employés municipaux de partout au Québec? Le but est légitime, mais la façon est exécrable. Ça ne vous rappelle pas le conflit étudiant de 2012, dans la forme?
Fêter la piètre gestion de la sécurité publique avec son amateurisme et son incompétence, sans aucune rigueur dans les informations données par la ministre qui visiblement ne maitrise absolument rien de ce ministère?
J'essaie de trouver les motivations, la résilience, les raisons de ce
passage obligé et rien de bon ne sort vraiment. Il faut sans doute que
le temps fasse son œuvre.